Les cloches :

Avant la révolution, le clocher avait trois cloches. Le 23 brumaire an III deux cloches furent descendues et les voitures des citoyens Graux, Duclos et Gaffin les emmenèrent à la monnaie avec celles de Trie-la-Ville. La plus petite des trois qui restait étant cassée et ne pesant que 876 livres fût, en 1828, augmentée de 124 livres de bronze et refondue. Son diamètre est de 98 centimètres. Cette opération a couté 551,60 francs dont 251,60 financés par l’église et 300 par la commune. Elle porte cette inscription : “Fondue en 1828 sous la mairie de Me J.B. Crépin, chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Louis, officier de la Légion d’Honneur, Mr Louis Aug. Duclos étant adjoint. J’ai été béni par M. Fs Basile Bonnard, curé de Trie-Château. Nommé Caroline par ledit M. Crépin et Mme Caroline Leduc née Certain.
Cette cloche n’est pas signée. Elle a été fondue à Aumale par le fondeur Evrot-Boudin. M. Dergny, qui a trouvé dans les cloches d’Aumale, Blangy, Forges-les-Eaux, Londinière et Neufchâtel de nombreuses cloches fournies par Evret, depuis 1814 jusqu’en 1849, fait observer que la plupart de ces cloches ne portent, comme celle de Trie, aucun nom de fondeur. La formule de leur inscription, presque toujours la même, les rend d’ailleurs reconnaissable.

D. Dergny – Les cloches du pays de Bray – Tome II
Chanoine J.B. Meurot - Trie-Château

La litre funéraire :


Henry II d’Orléans, duc de Longueville et d’Estouteville, pair de France, qui fit construire le château neuf (vers 1655), décédé le 11 mai 1663 a eu droit à de somptueuses cérémonies à Rouen tout d’abord, ville où il est mort, puis, le protocole l’exigeant, son corps fut embaumé et fit le tour complet de ses nombreuses possessions où un hommage religieux lui fut à chaque fois rendu. 
Sa dépouille voyagea de mai à juillet.
Nous savons que pour Trie-Château les dépenses relatives à ces cérémonies furent pour :
“ Au nommé Le Cauche, clerc de l’église de Trie-Château, 28 livres pour les peines et assistances aux prières et services faites pour mondit seigneur dans ladite église.”
“ A Denis Rupert, peintre, 168 livres et 14 sols pour les litres funéraires des églises de Trye-Château et Trye la Ville.”
Dans toutes les églises, même dans le plus petit village faisant partie de ses possessions on y a peint une litre avec ses armoiries. (Imaginons les frais que cela a dû représenter !).
Il est vrai que, d’après Bourgoin de Villefore, l’un des biographes de sa femme, le duc était l’un des hommes les plus riches de son époque, et ce serait la raison pour laquelle Anne-Geneviève qui était tout de même une Condé, l’aurait épousé alors qu’elle n’avait que vingt-trois ans et lui quarante-sept.

Notes historiques de Madame Brennemann. 


Quelques dates :


Fin XIème siècle :
 Construction du chœur et de la nef romane.
Du milieu à la fin du XIIème siècle : Construction du narthex.

De la fin du XIIème au milieu du XIIIème siècle : Le chœur primitif est remplacé par un ensemble ogival.
Avant le XVIème siècle : Adjonction du clocher sur la première travée du chœur.
En 1720 : Une partie du mur sud est refaite avec des pierres sculptées utilisées comme simples matériaux (peut-être en provenance d’une partie du narthex).
Le 23 brumaire an III : Deux cloches sont descendues (voir “ Les cloches”)
En 1828 : Caroline est mise en place (voir “Les cloches”).
En 1830-1840 : Le cimetière actuel est créé.
En 1840 : Travaux de M. Poulet
De 1842 à 1860 : Un projet de restauration est établi.
En 1860 : Avec l’intervention du comte de Gobineau des crédits sont débloqués, les travaux de restauration commencent dirigés par Aymard Verdier.
Démolition de la charpente et des tuiles du porche qui masquaient le portail.
Découverte de la façade nord du narthex, des arcades le tout masqué sous 
un crépi. Reconstruction de la façade ouest de l’église.
En 1872 : Installation des vitraux du chœur offerts par le comte de Gobineau
En 1901 : L’annexe sacristie-chapelle est fortement remaniée.
En 1943 : Les voutes de la première travée du chœur menacent de s’effondrer sous le poids du clocher et doivent être étayées.
En 1948 : Installation des deux autels en céramique.
De 1960 à 1967 : Restauration du chœur. Voûtes et dallages des pans de bois du pignon est, de l’escalier de bois et de briques montant au clocher.
Dans les années 1980 : Fin de la restauration du chœur. Réfection de la couverture de la nef. Reconstruction des planchers des bancs de la nef.
2011 : 
Restauration de la charpente de la nef.
Restitution de la voute en plâtre.
Restauration des murs gouttereaux de la nef.

 

Plan de l’église de Trie-Château :


Structure de l’église :


Le plan de la nef de l’église Sainte Marie-Madeleine de Trie-Château est fort simple.
Un chœur rectangulaire de deux travées d’époque gothique. Sur son flan sud une annexe servant de chapelle et de sacristie.
Une nef romane étroite sans collatéraux.
Un narthex, désormais intégré à la nef, dont la décoration du porche a fait la célébrité de l’église.

 

Le chœur gothique a remplacé le chœur roman à la fin du XIIème siècle ou au début du XIIIème siècle et son axe est légèrement décalé vers le nord. C’est un rectangle comprenant deux travées carrées, voutées d’ogives. Les chapiteaux de la première travée ouest sont plus petits que ceux de la seconde travée est car sa construction doit être légèrement antérieur. Il est plus élevé que la nef et s’ouvre sur celle-ci par une arcade beaucoup moins large que la nef. Il est éclairé par deux baies de chaque côté et un triplet à son chevet plat. Les vitraux du triplet de style néogothique ont été offerts à l’église en 1872 par le comte de Gobineau alors maire de Trie-Château. Ils représentent à gauche des épisodes de la vie de Saint Joseph, au centre des scènes de la vie du Christ, à droite celles de la vie de Marie-Madeleine. On voit dans le bas du vitrail central les armes du comte de Gobineau. Le clocher dont on ignore la date de sa construction était déjà présent en 1541. Il s’élève sur la première travée occidentale et constituait une surcharge provoquant des fissures dans les murs latéraux, la déformation des voûtes et de l’arc triomphal qui s’ouvrait sous son poids. La restauration de 1960 à 1967 a permis la consolidation et la remise en état du chœur.

 

La nef romane est la partie la plus ancienne de l’édifice qui date de la fin du XIème siècle.
Le côté nord est le seul à conserver d’origine ses petites fenêtres à plein cintre. Une partie de corniche à modillons sculptés subsiste à la base du toit.
La face sud a été totalement remaniée au XIXème siècle par Aymard Verdier en créant des fenêtres plus larges. Une porte sur le côté sud a été bouchée à une date inconnue. Cette partie a été remplacée en 1720 par un mur sur lequel se trouve un cadran solaire plus récent.
A l’intérieur la charpente lambrissée en forme de carène est recouverte d’une voûte en plâtre. Les poinçons sont sculptés à leurs extrémités de marmousets dont seuls les trois premiers sont d’origine. Les sablières sont ornées de pampres de vignes et de grappes de raisins, de bustes de personnages bras écartés dont les mains reposent sur leurs poitrines, d’empreintes de fleurs de lys effacées à la révolution. Certaines sont sculptées de denticules sur leurs parties inférieures. Depuis la restauration de 2011, seuls deux entraits sont restés intacts avec leurs sculptures de « gueules de crocodile » ou figures humaines. Les engoulants des entraits fragiles et remplacés ont été découpés et installés sur les murs de la nef.
En 1840, monsieur Poulet, châtelain de Trie, ancien notaire de Chaumont, mécène généreux mais peu éclairé, fit détruire les lambris et les bancs qui dataient de 1415. Il fit aussi enlever les dalles tumulaires qui recouvraient des personnes du château de Trie ou des prêtres pour les remplacer par des tomettes. Ces dalles servent aujourd’hui de trottoir dans la rue Nationale.
Le narthex a été incorporé à la nef en 1541 lors de la transformation de la place forte de Trie en château de plaisance. La restauration au XIXème siècle a sauvé la façade de l’église et permis de découvrir le côté nord du narthex qui était recouvert d’un enduit.


Le côté nord :


Au premier étage, un cordon de palmettes et une fenêtre en plein cintre.
Un cordon paré de modillons vestige du support de la tribune du narthex.
Au rez de chaussée, trois ouvertures de plein cintre soutenues par des colonnes et chapiteaux composées d’une porte bouchée au centre et de chaque côté deux ouvertures de plein cintre en dents de scie soutenues par des colonnes et chapiteaux.

 

La façade occidentale :


Un pignon réticulé percé d’une petite fenêtre en plein cintre.
Une grande rose dans la partie inférieur du pignon.

Cet ensemble est une création du XIXème siècle.

Le premier étage est composé de deux colonnes torses à chaque extrémité surmontées de deux griffons, de deux petites fenêtres de pleins cintres encadrées de deux colonnettes. Un cordon souligne, le long du mur, l’imposte des fenêtres. Un second cordon paré de modillons sépare le 1er étage du rez de chaussée.
De chaque côté du portail, une ouverture de plein cintre à l’intérieur de laquelle s’ouvre deux petites arcades décorées, le tout reposant sur un soubassement de pierre d’environ 80 cm.
Seuls les éléments situés sur la partie nord et le portail sont authentiquement roman. La partie sud de la façade à été fidèlement copiée sur la partie nord au XIXème siècle.

 

Le portail légèrement saillant, à ébrasement à ressauts, constitue l’élément essentiel de la décoration. Ses piédroits reposent sur un soubassement, composé d’une plinthe biseautée et d’une double rangée de carrés décorés de petites rosaces. De chaque côté de la porte, trois colonnettes qui reçoivent la retombée de l’archivolte. Les jambages du côté nord ont une décoration uniquement végétale. Sur les deux premiers fûts du côté sud, on retrouve des oiseaux stylisés au milieu de feuillage. A l’extrémité intérieure des piédroits se trouve un double galon décoratif, se prolongeant dans une première voussure, faisant le cintre de la porte. 
A l’intérieur de cette première voussure, dans chaque claveau des hommes accroupis tenant dans chaque main des dragons qui semble leur mordre la figure. 
Sur la voussure centrale de magnifiques rinceaux au milieu desquels se trouve des oiseaux monstres dévorants des personnages nus.
La voussure extérieure est couverte de médaillons ornés de besants perlés, à l’intérieur desquels on voit des griffons à la fois adossées et affrontés.

Le narthex, qui précède la nef de l’église a une fonction liturgique très précise qui est d’accueillir ceux qui ne peuvent pénétrer dans l’église pour assister au culte tels que les catéchumènes, les énergumènes et les pénitents exclus provisoirement. A partir du XIIIe siècle, la pratique du baptême sur les nouveau-nés se généralise du fait d’une mortalité infantile très importante et donc l’utilité du narthex s’en trouve amoindrie d’où l’incorporation de son volume dans celui de la nef afin d’accueillir une population toujours plus importante.
Lorsque celui-ci est utilisé par les notables, les marguilliers comme tribune ou lieu de discussions, que dans certains sont organisés les marchés, il faut alors parler de porche, d’avant-nef ou galilée selon leurs caractéristiques architecturales.

En cliquant sur le lien suivant, vous pouvez accéder à un petit film réalisé en 2011 par Etienne Kadyszewski qui dévoile les secrets architecturaux de l'église Sainte Madeleine de Trie-Château. Conçu lors des travaux de restauration de la voute de la nef, il à été diffusé lors de la cérémonie d'inauguration ainsi qu'aux journées du patrimoine de Trie-Château en 2012.

 Classé Monument Historique en 1862.

Archivolte : Ensemble des voussures décorant le portail.
Besant : Chacun des disques plats employés en nombre pour orner des bandeaux ou des archivoltes.
Ebrasement : Disposition en biais donné aux côtés de l’embrasure.
Griffon : Créature légendaire représentée avec le corps d’un aigle (tête, ailes, serres), muni d’oreilles de cheval,
greffé sur l’arrière d’un lion (abdomen, pattes, queue).
Marmouset : figurine grotesque.
Ressaut : Rupture d’alignement d’un mur, notamment liée à une avancée ou à un renfoncement du bâtiment
Rinceau : Ornement fait d’éléments végétaux disposés en enroulements successifs.
Voussure : Eléments en forme d’arc composant l’archivolte.
Narthex : lieu qui précède la nef dont la fonction est d’accueillir ceux qui ne peuvent entrer dans l’église pour
assister au culte tels que les énergumènes, les catéchumènes et les pénitents.

G.E.M.O.B. – Bulletin n°9 – 1980
Mme Monique Brennemann – Notes historiques
M. Jacques Germand – Notes historiques

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