11 juin 1955 - 18h28. Course d’endurance des 24 heures du Mans.

Pierre Levegh : Mercedes 300 SLR n°20

Lance Macklin : Austin-Healey n°26

Mike Hawthorn : Jaguar Racing n°6

Juan Manuel Fangio: Mercedes 300SLR n°19

Nous sommes en fin d’après-midi dans la deuxième heure de course. Pierre Levegh termine son trente-sixième tour. Il aborde la ligne droite des stands et vient de concéder un tour au leader Mike Hawthorn en lutte avec Juan Manuel Fangio pour la première place qui est juste derrière Levegh. Le trio rejoint Lance Macklin plus lent. Mike Hawthorn le double par la gauche et se rabat immédiatement sur la droite pour s’arrêter aux stands. Surpris par la manœuvre Macklin fait un écart sur la gauche. Levegh qui commençait à le doubler, lève le bras pour avertir Fangio du danger, freine mais ne peut éviter l’arrière gauche de l’Austin qui agit comme un tremplin et fait s’envoler la Mercedes qui explose en s’écrasant, rebondit à plusieurs reprises sur le talus de protection des tribunes et se disloque. Le moteur, le train avant et le capot sont projetés dans le public tuant 82 personnes et en blessant plus de 120. Le pilote Trie-Châtelain est tué sur le coup.


Une photo prise le jour de l'accident, au Mans, en 1955. © JP.PEDRAZZINI/PARISMATCH/


En effet, Pierre Levegh de son vrai nom Pierre Bouillin est un Trie-Châtelain d’adoption. Epoux de Mademoiselle Maurey de Trie-Château, il est le dirigeant de la Manufacture de Brosserie Maurey-Deschamps, fabrique de balais et de brosse au centre de Trie-Château (Actuellement la résidence des Berges de la tour et les Jardins de la tour pour personnes âgées). En hommage à son oncle, Alfred Velghe ancien pilote automobile, vainqueur notamment de Bordeaux-Biarritz en 1899 et de Paris-Toulouse-Paris en 1900, il choisi de courir sous l’anagramme du nom de son oncle “LEVEGH” et sera surnommé dans le milieu des courses “l’Evêque”.


En 1938 et 1939, il participe à deux épreuves des Vingt-quatre heures du Mans qui se soldent par des abandons mais se fait une réputation en participant aux épreuves de types “sport”. Après-guerre, en 1950 et 1951 il participe à plusieurs grand-prix du tout nouveau championnat du monde de Formule 1.Il terminera 7e au grand prix de Belgique de 1950, 8e à celui de 1951 et 9e au grand prix d’Allemagne de 1951. Pierre Levegh court à nouveaux au Mans à partir de 1951, termine 4e, toujours au volant d’une Talbot-Lago sur ses propres deniers. C’est dans l’épreuve de 1952 qu’il se fait remarquer en parvenant en solitaire (àl'époque, le nombre d'heures au volant n'était pas limité) à dominer les Mercedes. Mais dans la dernière heure de course, alors qu'il a quatre tours d'avance sur son plus proche poursuivant, une casse moteur le prive de la victoire. L'hypothèse d'une erreur de rapport due à la fatigue a été avancée. C’est en pensant à cet exploit, qu’Alfred Neubauer, le célèbre directeur de course de chez Mercedes, l’engage pour l’édition de 1955... 


Paris Match lui a consacré un article sous la plume de Philibert Humm le 11 juin 2015.

http://www.parismatch.com/Actu/Sport/Pierre-Levegh-La-tragedie-du-Mans-780608